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CARN AGE, 
SE LAISSER HANTER


extrait Viscérale Fantaisie

 






Carn Age est une série d’histoires courtes en cours d’écriture, dont Viscérale Fantaisie, Voc’s et Quelque chose brûle.

Aime est profondément charnel/le, totalement habîté/e  par son odeur de viande. Ce personnage, qui circule à travers les récits, incarne une présence mouvante, tour à tour intime, mythologique et spectrale.

La viande apparait ici comme un objet trivial et mythique, saturé de récits, symptomatique des logiques industrielles et des imaginaires qui les soutiennent.

Dessin, pastels, 42x29,7cm, 2025


Références 

Val Plumwood
(philosophe) sur l’interdépendance, l’usage réciproque des vivants et les rapports de prédation,  Charles Stépanoff (antropologue) sur les relations entre humains et animaux,  Joy Sorman (écrivaine) Comme une bête, Esthel Benazet (écrivaine, chercheuse, performeuse etc.) Un régime parfait...

       “ Elle essaye de se rappeler la sensation de la viande crue, rosée contre le bout de ses doigts. La fraicheur humide de la chair tranchée, définitivement ouverte, d’un filet de dinde cueilli au rayon frais du supermarché.

Aime est végétarienne. Parfois, elle s’attarde devant la vitrine de la boucherie du rez-de-chaussée, observe l’étale, son camaieu de roses doux et chauds. Il n’y a pas plus réconfortant que la couleur de la viande. Aime voudrait connaitre la sienne, voir à l’envers de sa peau écorchée et sans secret.

(...) Aime est joliment présentée sur l’étale du boucher, bordée de saxifrages et d’une étiquette indiquant son prix-au-kilo.
Le décor en faience blancrouge des boucheries-charcuteries est d’un confort ordinaire : le carillon familier des portes qui s’ouvrent et se referment, les tabliers, les calots, les chemises à fine rayures nacarat. Les paroles polies, les habitudes, la spécificité des termes, la précision des gestes qui manipulent les morceaux, qui coupent des morceaux , qui énervent, qui pèsent et qui emballent. Les lames aiguisées, les machines qui coupent la chair, qui broient la chair, qui font la chair en longs spaghetti vermillons tachetés de blanc. La chair en saucisse, en boudin, la chair en steak, en paupiette, en boulette, la chair hachée, panée, en pâtée, marinée. Le bruit de la ventilation, le vichy rose du papier qui fait de jolis paquets, le comptoir courbé qui trace la progression d’un chemin, les corps en morceaux au travers de la vitre sur laquelle les enfants posent leurs doigts.”